Un ministre de la République explique sur un plateau de télévision qu’une nouvelle méthode d’écoute dans les commissariats va permettre de déclencher des « warning ».
Excuse me, voulez-vous dire des alertes ? Voilà 50 ans que nos amis anglo-saxons nous ont laissé croire qu’ils étaient détenteurs de la vraie science du management et qu’ils nous inondent de leurs concepts pourtant si rudimentaires. Ils ont réussi à pénétrer notre culture, nos universités et nos écoles, nos organisations et désormais nos instances gouvernantes. Profit warning – KPI – PNN – Leadership – Accountable – Meeting – Business review – In bound marketing – Leadership.
C’est moderne et surtout c’est classe. L’envers du décor, c’est que leur vocabulaire accompagne deux graves problèmes pour la vie de nos organisations et pour notre vie de citoyens : leurs méthodes sont particulièrement cyniques et leurs concepts d’un manque de profondeur considérable. Concernant leurs méthodes cyniques, il est triste que l’on qualifie de management le fait de déplacer des personnes sans ménagement, de licencier brutalement, de mettre la pression sur les résultats désormais au quotidien, de prendre des engagements et de ne pas les tenir.
Concernant le manque de profondeur, comment peut-on encore admettre aujourd’hui que la comptabilité reflète l’économie et la santé réelle d’une organisation, comment accepte-t-on que le pur Taylorisme porté par le Lean Management puisse passer pour la panacée, pourquoi ne voit-on pas que leurs réflexes de centralisation et de dépersonnalisation attaquent gravement la responsabilité et l’engagement individuels. Il est indéniable que ce sont les champions du structuralisme, mais à quel prix pour les êtres humains. Tentons de sauver ce qui peut l’être encore par un management humaniste et profond, à la française.
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